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La Chaize-le-vicomte (2)


 

   

                                                                                                                                                                                    Photo Lionel Dieu –Apemutam

                                                                                       

                                                                                                                     

                                                   


                         Côté Sud – 5e-3 – Face Ouest.   Vous voyez sur ce chapiteau une scène représentant une transmission ou initiation de la connaissance. 

            Sur le côté gauche, côté premièrement visible en avançant vers le chœur, vous remarquez un homme habillé d’une robe,  il a un bonnet sur la tête 

           et une grande barbe, ses bras sortent de derrière la volute, comme si il s’en servait de protection,  c’est un ancien, il a une grande barbe. Il passe 

           ses mains autour du cou des oiseaux, et il fléchit même les jambes pour être à leur hauteur. Il les aide à s’approcher de ses oreilles et les maintient 

         pour mieux les entendre. Les oiseaux sont de grande taille, presque aussi grands que les personnages, se sont des oiseaux-conseils, d’après leur 

        queue ce sont des coqs. L’imagier attire notre attention sur le fait qu’ils évoquent des forces et des énergies spirituelles exercées et qu’ils disposent

        d’une autorité. Il convient de leur accorder de l’importance et de les écouter attentivement.

                        C’est pour ces raisons que cet homme tient beaucoup à recevoir de bons conseils afin de poursuivre son évolution spirituelle.

                        Cet homme écoute les oiseaux, il connaît donc leur langage, ce langage est réservé à ceux qui possèdent la connaissance. Malgré le savoir

          qu’il a  acquis, il continu à écouter ce que lui disent ces deux oiseaux, car il y a toujours à apprendre pour acquérir une plus grande sagesse.

                        Son ancienneté lui permet  d’enseigner la bonne parole, il tire la langue, signe de transmission.

                  Sur la droite de ce chapiteau, vous voyez un autre personnage, il est coiffé et habillé de la même manière, il est plus jeune, il n’a qu’une moustache.

         Son attitude est identique, lui aussi écoute les oiseaux qui le font progresser dans la connaissance. Il deviendra plus tard un enseignant comme son  voisin

                Vous pouvez y voir aussi le cheminement d’une vie, si vous commencez à droite et que vous passez à gauche, vous  voyez  le  jeune  homme                          devenu âgé continuer toujours à écouter les voies venues du ciel (oiseaux).

                   Il y a une anomalie physique dans la représentation des oiseaux, car aucun volatile ne peut mettre ses ailes dans cette position. Nous pensons 

         que l’imagier ne s’est pas trompé, mais qu’il a voulu indiquer par là, que ces ailes étaient dans cette orientation pour ne pas que des personnes qui ne                         sont  pas compétentes puissent entendre les paroles prononcées.

                    Le coq parce qu’il annonce le lever du soleil et la venue de la lumière est un symbole du Christ, il est associé à l’éveil de la connaissance.

 

                  Ce chapiteau pourrait représenter une des vertus morales, la Tempérance qui discipline les désirs et les passions humaines, c’est pour cette                        raison qu’il faut toujours écouter les bons conseils.


 

                               Vous retrouvez encore les palmettes sous la queue des coqs, celle de gauche pourrait se trouver sur une sorte de monticule.

 


        Au centre, entre les deux coqs, juste au dessus de l’astragale, vous remarquez ce signe. J’avais une photographie meilleure qui faisait ressortir 

sur le bord de ce cercle, un collier de perles. Est-ce un cercle glorieux ? Le  cercle glorieux n’est pas inconnu, bien entendu pour exalter le Christ, il 

est en général de dimension réduite.

  


   Vous pouvez encore voir ce signe  γ upsilon qui se trouve entre les deux queues des coqs du milieu. Il représente un arbre à deux branches, qui     
  évoque l’homme entre deux voies. Certain dise que dans l’γ on peut expliciter les deux voies en établissant une inégalité, une dissymétrie entre les branches,       l’une plus large que l’autre, allusion au paroles du Christ sur la porte étroite ou la voie étroite.

 

 Réflexion du chapiteau, que dire de plus.

 

Nous vous montrons ci-dessous un chapiteau de l’église Notre-Dame de Bernay qui a le même sens que celui-ci, mais au lieu de coqs, vous voyez un    grand feuillage stylisé dont les extrémités correspondent à nos têtes de coqs.

 

 

       

                 

                                                                                                                                                                           Photo Lionel Dieu – Apemutam

 

                            

 Côté Sud – 6e Pilier – Face Ouest. Vous voyez sur ce chapiteau une continuité dans le temps entre les deux personnages.

 Vous voyez deux personnages, ils sont coiffés d’un bonnet hémisphérique en laine avec une mentonnière et une languette. Cette coiffure devait  
être le signe distinctif d’importance de celui qui la porte. De derrière leur tête sortent deux cornes ?  Nous  voyons leur avant bras avec des manches   
qui se   rétrécissent par plusieurs plis jusqu’aux poignets, signe de qualité  de ces personnages, les bras sont accoudés sur l’astragale.

 De chaque côté de leur avant bras, un oiseau debout, masque leur torse. La  tête  de  ces  oiseaux  est  enfouie  sous  ou  dans les oreilles des  
personnages. D’après les queues de ces oiseaux nous pouvons dire qu’il s’agit de quatre coqs.

 Le personnage de gauche parait très absorbé par le message transmit par ces volatiles. Que signifie cette image ?

Dans la tradition chrétienne la corne symbolise la force et possède le sens de rayon de lumière, d'éclair. D'où le passage d'Habakuk (3,4-5) parlant  

de la main de Dieu d'où jaillissent des éclairs (cornes).

Dans les Psaumes, la corne symbolise la force de Dieu qui est la plus puissante défense de ceux qui l'invoquent: 

                                                                 

          

          La corne a le sens primitif d’éminence, d’élévation, son symbole est celui de la puissance. C’est pour cette raison que certains guerriers           la portait sur leur casque.

        Au moyen-âge, les artistes représentaient Moïse avec des cornes au-dessus de sa tête, ces cornes  avaient l’aspect d’un croissant lunaire. 

Elles symbolisaient la puissance spirituelle qui émane de sa  personne en raison de ses relations particulières avec Yahvé.

 


 

                

       Dans les psaumes de David la corne symbolise la force de Dieu.

      Psaume 18, ligne 3 : « Yahweh mon rocher, ma forteresse, mon  libérateur, mon Dieu, mon roc où je trouve asile,   

      mon bouclier, la corne de mon salut, ma citadelle ».

     Psaume 92, ligne 11 : « Et tu élève ma corne, comme celle d’un buffle, je suis arrosé avec une huile fraîche ».

 

      Psaume 112, ligne 9 : « Il sème l’aumône, il donne à l’indigent ; sa justice subsiste à jamais, sa corne s’élève avec        gloire ».

 
      Psaume 132, ligne 17 : « Là j’ai fait pousser la corne de David, j’ai préparé une lampe ».

 
         Comme nous l’avons dit, ces personnages, par les cornes, leur habillement, sont des personnes d’une classe supérieure,     capables de recevoir et de transmettre les vraies paroles.  
         Vous voyez donc le personnage de gauche recevoir par l’intermédiaire des coqs un savoir, une sagesse, une conduite,      venu du Ciel (oiseau), qui imprègne tout son esprit. Ses deux mains soutiennent une clochette (clochette, sonnette                   maniable en usage au moyen-âge pour le service religieux, pour accompagner le prêtre portant le viatique). Avec cette           clochette il averti les fidèles qu’un message important va leur être transmis. 

                                                                                                    

 


  Vous voyez au dessous de son menton une espèce de fausse langue pointue, est-ce un symbole ? Représente-t-il une langue déchargée 
des  impuretés de la vie courante, une langue nette et propre qui ne peut que transmettre une parole sans dissimulation ?

          Le personnage de droite qui est habillé de la même manière, n’a pas la même physionomie. Il parait moins absorbé par ce qu’il entend 

( les yeux paraissent plus ouvert). La aussi vous retrouvez la fausse langue,  mais elle est plus petite,  plus  large, moins habile à transmettre un
message. Sous cette langue trois boules ( et  non  pas  une  clochette ) ou  sphères,  c’est  un  symbole  d’ambivalence.  C’est-à-dire  que ce 

personnage éprouve simultanément deux sentiments contradictoires vis-à-vis d’une même vérité.

                              

 

 Sous la clochette du personnage de gauche, sous les queues des coqs liés du centre et sous les boules du personnage de gauche vous 
   pouvez encore voir des signes particuliers. Sur ces trois emplacements vous trouvez un losange.  Le  losange  est  un  symbole  féminin,  au 
   temps de la préhistoire le losange représente la vulve et en conséquence, la matrice de la vie. Par extension, il signifie le passage initiatique.

 

           D’ailleurs celui de gauche avec sa bordure figurant les lèvres nous présente bien un sexe féminin, que l’on  retrouve à droite.

         Au centre ce trouve deux symboles, le même losange mais avec au-dessus un lis. Le lis dans la tradition biblique est le symbole de l’

élection, du  choix de l’être. Ici, il indiquerait que l’initiateur à choisi celui qui était le plus apte spirituellement pour recevoir la connaissance.

                            

           Vous avez vu que les deux coqs au centre étaient reliés par la queue avec un lien percé ou garni de perles  comme le cercle glorieux. Il y 

a donc une communication entre ces deux groupes.

          Nous pensons que nous nous trouvons devant une initiation.

 

         Réflexion du chapiteau, il m’a bien décrit, mais a-t-il bien trouvé le sens de ma représentation ?

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