Maillezais 2                                  

 

     église Saint-Nicolas                                            

 

    Les chapiteaux de la partie inférieure :



                  Côté gauche:


                                            4                                            3                           2                            1
                                              
 
    

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    1 – Centaure ou Sagittaire ? Symbole de l’initiateur, du mâle, unit la chair (le corps du cheval) à l’esprit. (O. Beigbeder).

    Certains centaures, comme Chiron, ont des qualités positives, dues précisément à leur double nature. Chiron avait appris à Achille et à Jason l’usage des plantes médicinales,  il offrit son immortalité afin de sauver la vie de Prométhée (il serait ainsi une préfiguration grecque du Christ, se sacrifiant pour sauver celui qui deviendra l’initiateur de la première civilisation humaine). On pourrait donc considérer certains Centaures comme des initiateurs. La centaurée tire d’ailleurs son nom de cet être bienveillant. La centaurée est une plante antidémoniaque. D’après certains, il serait monté au Ciel où il personnifierait le Sagittaire.    




    Que voyez vous sur ce chapiteau, un Sagittaire, il est coiffé de longs cheveux, il est barbu, il regarde vers sa gauche. Il est habillé d’une veste, vous voyez à son bras droit que la manche est très large, il est levé vers son épaule, la main nous fait penser à celle d’un archer bandant la corde de son arc. La  main gauche semble tenir un arc (cassé ?) on ne voit pas de trace de l’autre moitié. Un morceau de la sculpture (rouge) aurait pu être la pointe d’une flèche si il n’était pas tordu.
    Vous voyez son le ventre du cheval l’extrémité d’une lance, dont la hampe continu derrière la croupe du cheval.         Etait-ce l’arme de l’autre personnage ?
    Ce personnage porte un bonnet, il a une barbe, il est habillé d’une grande robe à larges manches. Son bras droit est plié, la main repose sur son cœur, le bras gauche est en partie cassé ; Il  à l’air de se sauver à grandes enjambées.
    Etait-il venu pour tuer ce Sagittaire ?
    Un Sagittaire-Centaure qui fait le geste de vouloir tuer le personnage, mais il n’en a pas l’intention, car si c’est bien une flèche (rouge) que nous voyons, elle n’est pas dirigée vers son cœur mais vers son oreille.
    C’est donc un initiateur, d’ailleurs ce personnage qui semblait se sauver après avoir manqué son coup, il ne devrait pas avoir sa tête dans cette position, mais elle devrait être de profil, la position de sa main droite et de son visage donne l’impression de quelqu’un qui est absorbé pare ce qu’il entend.
    Est-ce la queue du Sagittaire qui forme le rameau de verdure que l’on voit ? 

    Une autre curiosité, la patte gauche arrière du cheval est plus humaine que celle de cet animal.
    Y a-t-il eu une modification du sens de la sculpture lors de sa création ?

    Réflexion du chapiteau, l’explication me semble valable.                                                                                                    

 
 
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    2 – Vous voyez ici deux griffons, ils se détournent l’un de l’autre, ils manifestent une réticence. Il s’agit d’une grande difficulté à se mettre d’accord. Cet animal représente au Moyen-âge la manifestation de la double nature du Christ (Homme et fils de Dieu – Humain et Divin).

    Nous avons reconstitué ce qui se trouve entre les deux griffons :


    Ce motif torsadé pourrait représenter un arbre de Vie.
    Il y a sept torsades, le nombre sept est constitué du chiffre quatre (la Terre) et du chiffre trois (le Ciel) il représente donc la totalité de l’Univers en mouvement. Le sept nombre de l’homme parfait, c’est-à-dire l’homme parfaitement réalisé.

    Réflexion du chapiteau, rien à dire.

 

3


    3 – Vous voyez ici deux oiseaux fabuleux, mi-oiseau mi-serpent,  pas beaucoup représentés, il s’agit de Chalabres, animal bénéfique. Ils sont de face, bec contre bec. Leur queue fait des ondulations. Pour l’animal de gauche elle passe au bout de l’aile droite, derrière la pointe de l’aile gauche et se termine par un nœud à hauteur de la tête. Pour l’animal de droite, la queue passe entre les extrémités des ailes et se termine par un noeud derrière la tête. Entre eux sous leur tête quelque chose de cassé.

    Il semblerait que l’animal de gauche ait sa patte droite (cassée) levée. On devine le même mouvement de la patte gauche sur l’autre animal.

 
                                  Terminaison en nœud  de la queue de gauche        Queue de l’animal de droite    

                  


Sculpture cassée entre les deux têtes


Réflexion du chapiteau, les détails sont bons mais il ne m’explique pas.

 
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    4 – Ce ne sont pas de vrais dragons, ils en ont seulement la tête et la langue, car leur queue est transformée en rameaux. Le corps est celui d’un aigle, d’ailleurs vous voyez sur les épaules de cet animal le cercle rayonné symbolisant le soleil, comme sur la plupart des aigles romans.
    Les queues d’aspect serpentiformes se transforment en rameaux de verdure, elles sont à leur naissance maintenues par un anneau ou bracelet perlé. Les oiseaux sont dos à dos, leur cou rejeté vers l’arrière, forment un arc de cercle adjacent, les têtes reviennent sur leurs épaules. Les extrémités des ailes se rejoignent également. L’ensemble dessine un cœur extérieur (rose) et un cœur intérieur (rouge).

 


    Il y a donc plusieurs symboles dans cette image :
 
1 – Le dragon (par la tête), dans la tradition chrétienne le dragon symbolise les forces démoniaques. Mais dans la littérature de cette époque, il symbolise le premier obstacle à maîtriser, c’est lui qui est à la source de la connaissance.
2 –  Ces queues transformées en rameaux nous indiquent une renaissance. 
3 – Le corps de cet animal est celui d’un aigle, oiseau initiateur, vous voyez sur le dos des ailes, un symbole solaire en forme de rayons (jaune).
4 -  Le cœur (rouge et rose) symbolise l’homme intérieur. C’est dans le cœur que se trouve le principe du mal.

    Vous trouvez dans cette sculpture trois symboles qui permettent de trouver après une longue marche une vie spirituelle figurée par le cœur  rouge.

    Réflexion du chapiteau, pas si mal.


  
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    5 – Vous voyez ici un lion dans une position imaginée par l’imagier, car jamais le lion ne prend cette position. Mais cette époque et même aujourd’hui peu de gens connaissent les attitudes des lions et ne verraient pas l’anomalie.
    Vous voyez  un lion blessé par deux clous sur le côté droit de son flanc. Il passe sa tête entre ses deux pattes avant pour regarder sa blessure, est-ce pour cela ou bien pour se gratter l’oreille droite avec sa patte arrière gauche, n’importe le choix, cette position est incorrecte. Il n’a pas besoin de prendre cette position pour faire ces gestes.

 
Les deux clous


La fausse queue et l’objet cassé.


    Sa queue double forme une fourche, une partie est véritablement sa queue alors que l’autre partie (rouge) qui passe entre les pattes arrière représente l’organe sexuel (extrémité cassée). L’organe génital ne se trouant pas naturellement à sa place, il est donc représenté d’une manière équivoque pour ne pas attirer trop l’attention. Cette dernière partie est dirigée vers un objet (jaune) qui est malheureusement cassé, ce qui ne permet pas de l’identifier.

    Le lion symbolise une étape importante de la vie du Christ, la Résurrection, selon les textes des bestiaires et diverses traditions antiques.
    Vous retrouvez à peu près la même sculpture à l’église de Maillé (chapiteau n°5).
    Nous avons longtemps recherché ce que pouvait représenter la partie cassée  de cette sculpture, sans résultat.
    Puis en octobre 2005, un article paru dans la revue Archéologia , nous a permis d’avoir un chemin de recherche.
    Dans cet article sur l’Art érotique en Gaulle romaine, une photo a attiré notre attention. Car la ressemblance avec notre chapiteau était assez proche de notre sculpture.
    Nous avons fait une rotation de 180° degré pour la mettre dans le même sens que celle du chapiteau.



Photo :Cyrildumas@yahoo.fr


    Une autre photo parue dans le livre de A. Leupin, Phallophanies, La chair et le sacré, nous laisse plus de doute sur cette partie cassée.
    Vous pouvez voir comme nous, que sur ce vase grec, l’image correspond exactement à la partie cassée du chapiteau.




La signification de ce chapiteau est devenue plus claire. Nous voyons, ici, une représentation symbolique de la résurrection. En effet, vous voyez sur le corps du lion deux clous qui signalent la mort, mais cette mort est passagère, elle permet de revivre dans une vie meilleure. Nous avons déjà parlé de la position anatomiquement incorrecte de la tête. Cette position a été voulue par l’artiste, la tête passe entre les deux pattes avant, les parties antérieures du lion sont rattachées au Ciel. La partie postérieure se rattache à la Terre.

Philippe de Thaon écrit :

« La force de la divinité de Jésus Christ

demeure dans sa large poitrine.

Dans son train de derrière

Fait de piètre manière

Demeure l’humanité ».

 

Pour en faire un symbole de la renaissance, de nombreux auteurs racontaient que les lionceaux naissaient mort-nés, mais que leur père leur soufflait dans la gueule pour les ranimer. Cette fable est sans fondement, mais à l’époque elle était prétendue véridique.

pour nous permettre de voir la renaissance, le phallus est un moyen physique d’indiquer clairement le moyen dit parvenir. C’est sur le phallus que repose la vie, il désigne la force créative, il est vénéré comme la source de la vie.

    Réflexion du chapiteau,  je crois que la position de la tête du lion doit avoir la même signification que celle des personnages que l’on nomme « acrobates ».


   
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6 – Chapiteau avec des rinceaux entrelacés.

   
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    7 – Vous voyez sur ce chapiteau deux personnages à gauche et une tête à droite. Vous pouvez deviner que le personnage de gauche avec de longs cheveux et une robe peut être une femme, elle semble tenir quelque chose dans sa main gauche. En face, le personnage parait être de sexe masculin, il a une barbe, son bras droit est levé, il tient dans cette main un bâton. Son bras gauche est replié dans son dos, sa main tient le rameau qui est derrière lui.
     Sur l’autre face de ce chapiteau, un rameau avec feuillage se déroule en spirale, au centre une tête humaine de profil.



 
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    8 – Ce masque est-il celui de la Vie ?

    Le masque évoque la transformation de l’être divin sous une forme en relation avec la nature. Le masque aux joues rebondies sépare, aussi dans la Génèse (de Thierry de Chartres, 1121-1155), l’élément solide de l’élément aqueux et assure du même coup la poussée de la végétation. Au début il est aveugle, vous voyez que ses yeux globuleux n’ont pas de pupille. Mais après avoir appris la connaissance, c’est le renouveau, la Renaissance.

 


    L’α est ici tourné vers le sol. Certains interprètes voient dans cette orientation un rapport de l’homme avec le monde qui l’entoure. Un symbole du terrien qui puisse ses forces et son énergie de la puissance de la terre, d’ailleurs la langue bifide qui sort de la bouche est celle d’un serpent (symbole terrestre), les cornes de l’α deviennent les jambes sur lesquelles l’homme trouve sa stabilité.

    Le nez souffle la vie, ici il en sort un chevron végétal. Le A sous la forme élémentaire est un chevron ?. Dans ce sens il est un symbole de l’eau terrestre et a comme l’α biblique  un symbole de la vie qui renaît, le feuillage est très épanoui.



    De la bouche du masque sort l’oméga, c’est-à-dire la fin de l’enseignement.

    Vous voyez dans cette image un cycle complet, l’α et l’oméga  illustrent le commencement et la fin cyclique de toute chose et font référence à la parole du Christ annonçant qu’il est précisément ces deux termes, c’est-à-dire une parfaite totalité. Ici, l’enseignement arrivé dans les oreilles du néophyte a été bien assimilé, car vous voyez de chaque côté des branches de l’oméga deux petites nouvelles branches avec un fruit à maturité, signe d’un nouveau départ.

    Réflexion du chapiteau, rien à dire.

 

Côté droit:

                                                             9                     10                        11                            12

  
9
 

   

9 – Chapiteau très érodé.
     Vous pouvez deviner à gauche un personnage dont le bras droit levé tient quelque chose, une arme, un bâton, pour combattre un animal sur sa droite.

       A droite, un personnage qui semble courrir pour échapper à quelque chose qui se trouve derrière lui.
      Réflexion du chapiteau,  je suis trop abîmé pour reconnaître mon histoire.

 
 10


10 – Vous voyez sur ce chapiteau un personnage, un genou à terre, offrir un présent à un animal, qui pourrait être un Centaure. 

    Réflexion du chapiteau, pas d’explication.

 
                                                                                                 11                                                 

     11 – Chapiteau très érodé, pouvant représenter deux personnages, représente-t-il Adam et Eve avec l'arbre au centre ?.


 
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       12 – Deux oiseaux dos à dos, cou renversé vers leur dos, tête contre tête.

      Ce ne sont pas des aigles, l’oiseau est trop gros, trop lourd  et il n’a pas sur le haut des ailes le demi-cercle préfigurant le soleil.
       A première vue on pourrait les prendre pour des pélicans, mais le bec ne correspond pas.



    Que peut représenter cette image ?
    Les deux oiseaux ont la même image, ils sont symétriques, ils ont le même rôle.
    Que peut-on comprendre ?
    Il semblerait qu’ils absorbent  le rameau (vert) et qu’ils régurgitent quelque chose (bistre).

    Réflexion du chapiteau,


                                                                         13                                                      14  


         13 – 14 – Vous voyez ici deux chapiteaux, celui de gauche parait plus ancien.
        13 – Celui –ci  est orné de rameaux, ou de longues feuilles, verticaux avec au pied, de chaque côté, une feuille en éventail.
       14 – Celui-là est décoré d’entrelacs de rameaux dont les extrémités supérieures forment des coquilles Saint-Jacques.

Réflexion des chapiteaux, rien à dire.

 
15


        15 – Première Sirène en Vendée, c’est une Sirène à double queue. Chaque bras teint la queue levée de son côté.    

         Nous voyons à chaque poignet une grande emmanchure, elle serait donc habillée. Sa chevelure est divisée en quatre longues nattes, deux de chaque côté, une passe derrière l’extrémité de sa queue, l’autre passe devant le bras et se termine derrière les reins. Nous devinons aussi ses seins ainsi qu’une parure cachant son sexe, parure décorée d’une fleur à cinq pétale et un bouton central.
        Isaïe aurait écrit dans ses Prophéties (43-20) : « Les bêtes de la campagne me béniront, syrènes et filles d’autruches… », développées par Procope de Gaza dans les commentaires de la Génèse 5-87, p.509-510, (Migne 1857). Il développe son interprétation personnelle : « Syrènes dicuntur pit … », les Sirènes sont dites pieuses à cause du don de la parole qui leur donne le pouvoir d’enseigner et de confirmer les dogmes de notre religion et à cause des hymnes par lesquels elles célèbres la suprême volonté divine…(Quibus collaudant supremum Numen).

        Je n’ai pas pu vérifier ces citations.
       Nous avons cité ces extraits, car comme ces auteurs anciens nous ne croyons pas au symbole de la luxure attribué à la Sirène. Le plus grand nombre de sirènes représentées sur les chapiteaux portent un cache sexe. Ce ne serait pas le cas si les Imagiers auraient voulu évoquer la Luxure, vous avez déjà vu des modillons ou chapiteaux dont l’érotisme et même la Luxure sont représentés d’une manière plus réaliste.
       Après ce commentaire revenons à notre Sirène. Son chant attire les pèlerins à entrer dans cette église pour devenir un catéchumène.
       Vous pouvez voir que le nattes forment la lettre A ou α, et que les deux queues tenues par ses mains forme la lettre oméga. Nous avons donc là les deux signes figurant le commencement et la fin  C’est deux lettres  sont  le symbole de Dieu, cette symbolique repose sur ces paroles rapportées dans la Bible : « Je suis le premier et le dernier, moi excepté, il n’y a pas de dieux  (Isaïe XLIV, 6) ». Une autre traduction vérifiée : «  Voici ce que dit le seigneur, le Roy d’Israël & son Rédempteur, le seigneur des armées : Je suis le premier, & je suis le dernier, & il n’y a point de Dieu que moi seul ».

 

                                 

                                                                            Psautier de Tenyson (1284)

    Réflexion du chapiteau, rien à ajouter.


16


    16 – Vous voyez ici quatre personnages habillés de la même façon, ils ont des cheveux très longs, à cause de cela certains les ont identifiés comme étant des femmes. Ils se tiennent par la main.
    Nous voyons que le personnage à l’extrémité gauche porte un filet de pêche sur son épaule droite, le Christ est parfois symbolisé par « le pécheur d’homme ». « Venez à ma suite, et je vous ferai pécheurs d’hommes », dit Jean à ses premiers disciples (André – Simon-Pierre (Saint Pierre) – Jacques (le majeur)), qu’il recrute parmi les pêcheurs du lac de Tibériade.



    Est-ce cet épisode qui est ici représenté ?

    Réflexion du chapiteau, c’est une explication. Cela ne peut pas être des femmes, les cheveux sont trop longs, la longue chevelure féminine étant associée à la femme luxurieuse. 

SUITE